La peinture à l'huile a ses traditions et ses approches classique et moderne.
Yvo Jacquier © Artiste peintre contemporain
Yvo Jacquier © Artiste peintre contemporain
La peinture à l'huile et ses traditions

Le liant relie comme son nom le laisse supposer, les éléments colorés entre eux - appelés pigments. En ce cas il est à base d'huile de lin purifiée. On peut améliorer la pâte avec des résines. Van Gogh lui-même utilisait ce procédé, en grand technicien.
Le médium rend cette pâte initiale plus malléable et donc plus facile à étaler. Il est à base d'huile que l'on appelle "gras" et d'essence que l'on dira "maigre" par opposition. En effet, l'huile de lin est beaucoup plus grasse que l'essence de térébenthine rectifiée. Si on utilise l'huile d'oeuillette et l'essence de pétrole, le décalage est le même.
Le vernis est un complexe de type médium, dont la définition mériterait un chapitre à lui tout seul...
La tradition veut que l'on commence par définir un support propre et adéquat, qui varie du papier à la toile de lin, dûment apprêtée à l'acrylique ou au fameux Gesso, et que l'on nourrisse ce support de couches successives au fur et à mesure qu'elles sèchent. Et plus on avance, plus les couches sont grasses. L'explication en est très simple. Les couches maigres mettent moins de temps à sécher définitivement. Elles entreraient en conflit avec les précédentes si elles étaient plus grasses parce qu'elles traîneraient à se rétracter à leur tour, d'où un phénomène variant entre la peau d'orange et celle du reptile au cours de la mue... À éviter, selon les traditions.
Ce phénomène bien compris, le problème reste entier : la toile est encore vierge. Selon la tradition, il est bon d'arriver devant le support avec un projet ou à la rigueur : une grande détermination.
Peinture a l'huile classique.
La peinture à l'huile et ses deux approches majeures
Née des ateliers classiques et des grands formats tels qu'ils garnissent nos musées, la tradition reste la base référentielle de nombreux peintres. Les
couches picturales du tableau sont nombreuses et exploitent les transparences de certains pigments, alliée à celle - plus évidente, des médiums. On les
appelle "jus", "glacis", "vellatures"... Par opposition à "pâte", "matière", "charge"... Cette tradition donne à la peinture à l'huile toute sa subtilité
et sa profondeur. La lumière peut, si elle est bien construite sur un support savamment préparé, sortir du fond du tableau, du fait de la place qui lui
aura été réservée tout au long de l'exécution.

L'autre façon d'entreprendre l'huile est beaucoup plus récente et date de l'invention du tube par l'industrie de la peinture. Séduits par cette nouveauté, les artistes ont échappé à la clairière intérieure de leur atelier pour rejoindre celle des bois. Quelques contraintes les accompagnaient: celle du format à transporter - à l'aller et au retour, et celle du temps Chronos. Il leur fallut se créer une technique pour saisir le motif dans sa fugitive cohérence. Les précédents du genre tenaient plus de l'esquisse et du brouillon préparatoire que de l'oeuvre achevée. Ils réinventèrent "la touche", seul moyen de rendre et la couleur et la lumière possible en une seule fois. Impressionnisme, Pointillisme, Post Impressionnisme, Fauvisme, Expressionnisme. Tous ces courants n'ont cessé d'explorer les limites de la peinture à l'huile dite "alla prima" - autrement dit première couche.
